Yadav Gurung, 42 ans, Népalais. Dirigeant de l'Himalayan Light Fundation, il propose des solutions simples pour éclairer et améliorer les conditions de vie des régions isolées du Népal.
A Katmandou nous avions rendez-vous avec Yadav Gurung, 42 ans, qui, il y a quelques années de cela, a quitté son métier de représentant pour se tourner vers l’environnement en devenant l’un des dirigeants de l’Himalayan Light Foundation (HLF). Fonctionnant principalement grâce à des subventions et à des dons, HLF emploi 7 personnes dont 6 népalais.
En 2000, cette ONG a lancé un projet qui a pour objectif d’améliorer les modes de vie des populations isolées du Népal grâce à une énergie renouvelable qui se trouve en abondance au Népal, le solaire. Cette technologie permet de répondre à l’un des plus grands défis de ce pays : moins de 5% des zones rurales du Népal ont de l’électricité. Le rattachement de ces zones au réseau d’électricité n’est pas programmé avant une trentaine d’années. Pour l’instant beaucoup de ces foyers utilisent des petites lampes à kérosène (qui pollue et coûte très cher au Népal) ou bien du bois qu’ils brûlent (ce qui contribue à la déforestation et au réchauffement climatique).
Un tourisme de solidarité écologique.
HLF apporte des systèmes solaires (composés d’un panneau solaire, d’une batterie solaire et d’un compteur) qui alimentent de deux à trois ampoules par maison. En parallèle, HLF forme sur place les personnes à qui cette technologie profitera. Pour cela, HLF a eu la judicieuse idée de créer le programme « Solar Sisters ». Il s’agit d’un programme d’écotourisme philanthropique qui fonctionne avec des volontaires. Concrètement, il s’agit par exemple d’un groupe d’une dizaine d’australiens qui viennent passer 15 jours au Népal. Ils seront d’abord formés, par HLF, à la technologie du solaire pendant 3 jours à Katmandou. Ils se rendront ensuite au cœur d’un petit village où ils vivront pendant une dizaine de jours au sein d’une famille népalaise. Parallèlement, et avec l’aide des ingénieurs d’HLF, ils installeront les systèmes solaires et apprendront aux familles qui les reçoivent à s’en servir. Chaque volontaire doit apporter une contribution financière qui permettra d’acheter un système solaire de 36 watts et financer son déplacement ainsi que certains frais (ce qui élève le coût du séjour à 1500 $ environ). Déjà plus de 100 volontaires ont participé à ce programme.
Si la « nouveauté » écologique peut paraître faible il ne faut pas négliger l’énorme avancée sociale que permet HLF en amenant simplement une lumière. Plus de 10 000 systèmes ont été installés dans des écoles, des lodges, des monastères, des postes de soin et des habitations, le tout dans plus de 18 villages.
Non seulement il s’agit d’une énergie peu chère, sûre et propre, mais amener de la lumière à ces populations a d’incroyables conséquences sociales. HLF passe des contrats avec, le plus souvent, la femme du foyer. Ces femmes tirent une très grande fierté du fait que ce soient elles qui aient amené la lumière à la maison.
Une lumière "verte" mais surtout sociale.
Hommes et femmes, fiers de leur « nouveau foyer » y apporteraient un plus grand soin. Les enfants, à qui revenait habituellement la tâche de couper le bois, peuvent désormais faire leur devoir à la nuit tombée. Il est également possible pour ces népalais de travailler plus tard (dès le mois d’octobre la nuit tombe aux alentours de 17h30) ou bien d’accueillir des touristes, ce qui a des conséquences économiques très importantes.
HLF en bref
Métier
Au départ avait pour but "d'allumer" le népal. Tente maintenant de réduire la pollution notamment de Katmandou
Spécificité
Se concentre sur les zones oubliées du Népal (les zones non touristiques).
Pourquoi HLF est "Coeur Vert" ?
Si les solutions peuvent paraitre "banales" aujourd'hui, l'apport social de l'action d'HLF est primordiale pour le développement et la qualité de vie dans les régions isolées
Où contacter HLF ?
Enfin, le solaire est une technologie particulièrement bien adaptée pour le Népal car sa population est très dispersée et la production électrique du pays suffit tout juste à approvisionner Katmandou (nous avons pu tester les nombreuses coupures généralisées sur la ville).
Une autre illustration de la révolution apportée par le solaire se trouve dans les massifs des Annapurnas et de l’Everest où de très nombreux lodges proposent des douches chauffées uniquement au solaire. Cela permet un véritable essor économique de ces régions escarpées tout en préservant le fabuleux patrimoine naturel du Népal.
Cet exemple de projet Cœur Vert montre la réalité qui se cache derrière le concept à la mode de « développement durable » : environnement, économie et social sont les socles d’un même développement et sont indissociables….
En marge de ce projet, HLF a développé d’autres programmes de purification d’eau mais aussi de bus électriques non polluants. Notre passage à Katmandou a confirmé à quel point l’air y est pollué. Nous toussions constamment, ce qui ne laisse aucun doute sur les conséquences sanitaires de cette pollution sur les locaux (avec notamment le développement de l’asthme parmi les jeunes enfants). Cette pollution est due à l’encaissement de la ville dans une vallée et aux nombreux véhicules (taxi, rickshaws, voitures, camions) qui l’arpentent.
Le projet d’HLF serait de commercialiser sa 3 e version de l’électro-bus encore à l’état de recherche. La mairie de Katmandou est intéressée pour démarrer avec un bus qui ferait la navette en l’aéroport et le quartier touristique de Thamel. De très nombreux touristes utilisent chaque jour des taxis pour faire ce trajet (et n’échappent pas aux « rabatteurs » qui cherchent à les amener dans des hôtels où ils toucheront une commission). Nous pensons que ce projet répondrait ainsi à un réel besoin et serait viable économiquement.
Une question, de poids, reste encore néanmoins en suspens : que deviendront, une fois utilisée, les batteries électriques de ces bus ? Seront-elles recyclées ? Quand on voit les déchets s’entasser partout au Népal et le niveau d’avancement du traitement des déchets on est en droit de s’inquiéter sur la fin de vie de ces batteries…