Jorge Sanchez Diaz, 50 ans, argentin. La crise argentine de 2001 l'a amené vers le bambou. Depuis il est le plus grand défenseur de ce matériau 100% naturel et renouvelable qui, d'après-lui, est magique pour l'environnement..
Et s’il existait un matériau « magique » pouvant soigner bien des maux – environnementaux - de notre planète ? C’est ce que cherche à démontrer Jorge Sanchez Diaz, 50 ans, ingénieur pétrolier de formation, qui a créé en 2000 la société EcoBamboo, dont l’objectif est de préserver les forêts anciennes en utilisant d’autres matériaux.
Avant 2001, l’univers de Jorge était pourtant
bien loin de l’écologie. Alors qu’il travaillait
pour une compagnie pétrolière, il réalise à quel
point son empreinte humaine sur la planète peut être
dévastatrice. Il décide alors de changer de travail
et devient consultant dans le domaine des énergies renouvelables.
Il invente même un nouveau type d’éoliennes plus
performantes qui séduisent Siemens, une grande entreprise
allemande.
Tout semble aller dans le meilleur des mondes, mais nous sommes en
2001 et l’Argentine entre dans une très grave crise économique.
Siemens annule tous ses contrats et rapatrie ses équipes en
Allemagne. Plus aucune compagnie ne souhaite investir en Argentine.
Pour Jorge, et comme pour beaucoup d’argentins, tout est à recommencer.
Un ami lui parle alors du potentiel inexploité d’une graminée géante, célèbre mais délaissée : le bambou. Jorge entreprend des recherches et à sa grande surprise se passionne très vite. « A partir de ce moment là, j’ai pensé bambou, mangé bambou, dormi bambou » nous explique-t-il. Jorge devient l’un des plus grands connaisseurs du bambou et crée, sans aucune aide, EcoBamboo. Depuis, il ne tarit plus d’éloges sur ce matériau.
Le seul "bois" réellement renouvelable ?
Le bambou présente des avantages fabuleux. Tout d’abord, c’est un formidable matériau de construction. Il est à la fois très résistant (surnommé « l’acier naturel ») et très souple. Par comparaison l’érable est à 4,2 dans l’échelle de dureté. Le bambou a 4 ,7 ! Ce qui nous frappe c’est que ce matériau n’est pas « révolutionnaire » : la colonne centrale du Palais d’été à Pékin est en bambou et le temps n’a pas eu de prise sur ce matériau millénaire !
Des meubles aux vêtements, en passant par la biomasse.
Ensuite, le bambou a de très nombreux usages. Contrairement à d’autres cultures à la mode, comme le soja (utilisé seulement pour la nourriture et la biomasse), ce n’est pas une monoculture : il y a 1 600 espèces différentes. Certaines, à l’instar d’une espèce du Paraguay et de la Colombie, peuvent mesurer jusqu’à 66 mètres de haut. De plus, contrairement au soja, sa culture ne nécessite pas autant de surface et peut servir à mille et un usages. Jorge fait de la construction de meubles, de parquets ou de cercueils, il fabrique des fibres pour vêtements, s’en sert de combustible et fait même du vinaigre.
Enfin et surtout, d’un point de vue écologique, le bambou est « l’arbre magique » car il est considéré comme « renouvelable » (au contraire du pétrole par exemple) et ceci pour deux raisons.
Tout d’abord il a le cycle de régénération le plus rapide. Certaines espèces de bambou grandissent d’un mètre par jour. Pendant qu’un arbre met 40 ans à devenir adulte, et nécessite plusieurs années avant d’être commercialisable, un bambou ne met que 3 ans et peut être transformé une semaine après. De plus, financièrement c’est intéressant : l’exploitant forestier récupère beaucoup plus rapidement son investissement et a besoin de moins de matériel pour la coupe.
Un bon moyen d'absorber vite le CO² !
Ensuite, sur un hectare il pousse plus de bambous que d’arbres. Nous connaissons tous le « problème » du bambou qui se propage au fond d’un jardin. Il est donc possible d’avoir une forte production de bambous qui sera utilisé pour de nombreux meubles par exemple, ce qui empêchera la destruction de forêts anciennes.
Ces 2 raisons font du bambou un matériau réellement renouvelable, encore plus utile que les arbres pour l’écologie d’après Jorge.
En parallèle de ces propriétés, les caractéristiques
du bambou le rendent très utile pour une autre utilisation écologique :
capter le CO² et lutter contre l’effet de serre à travers
des puits carbone.
En effet, un arbre adulte « normal » absorbe environ
40 tonnes de CO2. C’est certes beaucoup plus qu’un bambou.
Mais si on coupe un arbre et qu’on en replante un autre, il faudra
attendre 40 ans avant qu’il ne soit adulte et absorbe la même
quantité de CO².
40 ans ! C’est énorme à l’échelle
du réchauffement que l’on vit. Par contre un bambou, avec
ses 3 ans pour devenir adulte, est beaucoup plus efficace,
c’est
37 ans d’absorption de CO² en plus… A cela, ajoutons
la propriété de « multiplication » du
bambou : en plantant 1000 arbres, il faut 40 ans pour obtenir 1000
arbres adultes.
Jorge en bref
Métier
Producteur de bambous
Spécificité
Le bambou est un matériau renouvelable utilisable dans de très nombreux aspects de notre vie quotidienne.
Pourquoi Ecobambou est "Coeur Vert" ?.
Etant donné les spécificités du bambou, ecobambou en fait pousser plus qu'il n'en coupe. De plus, le bambou est utilisé comme puit de carbone.
Où le contacter ?
Si on plante 1 000 bambous, en 3 ans, nous obtenons
22 000 bambous! En plus, le bambou « capte » ce
CO² dans ses racines si bien que lorsqu’il est coupé,
le CO2 ne s’échappe pas dans l’atmosphère.
Ainsi, même si les espèces à croissance
rapide comme le bambou ont une capacité d’absorption
moindre, le bambou peut jouer un rôle clé dans
le combat contre le CO2.
le bambou digèrerait la radioactivité.
Grâce à sa conviction écologique et à ce matériau naturel renouvelable et excellent capteur de CO², Jorge a réussi à sortir de la crise. Depuis il est intarissable sur cette graminée magique qui, nous dit-il, « digère » même la radioactivité. Cette plante de 200 000 ans a ainsi survécu à Hiroshima…
Quel peut bien être l’inconvénient de ce « matériau magique » ? Jorge nous répond sans hésiter : sa diffusion. En effet, le bambou souffre d’une très mauvaise image dans le monde entier et en Argentine en particulier. Pour les argentins (tout comme en France), il est assimilé soit à l’Asie, soit à Tarzan, soit « au truc au fond du jardin qui pousse trop et que l’on doit couper ». Pourtant, le bambou est antisismique. Les aztèques et les chamanes l’utilisaient également. Jorge ne comprend pas : le bambou est exotique ? « Mais tout est exotique en Argentine. Les vaches, les chevaux et les chèvres ont été amenés par les espagnols ! »
Son entreprise est tout de même un succès : EcoBamboo a des plantations en Chine, en Argentine, au Paraguay, en Equateur, en Colombie, en Australie et au Honduras. Des variétés très différentes sont testées afin de choisir les plus adaptées à chaque endroit et à chaque usage. Ecobamboo produit de tout : aliments, meubles, tee-shirts, cercueils, ponts, etc. Ses principaux clients se trouvent aux Etats-Unis, au Mexique, en Europe et en Turquie. Le sol de l’aéroport de Madrid, par exemple, est un plancher en bambou venant d’EcoBamboo. Jorge emploie 400 personnes, formées en Chine, toutes capables de cultiver et de transformer le bambou.
Une autre branche d’activité se développe désormais : la « franchise ». EcoBamboo vend des pousses de bambou et aide tous ceux qui souhaitent développer leur propre production. Car l’objectif de Jorge est de diffuser en Amérique Latine la culture du bambou (25 000 hectares vont être plantés au Mexique). Son objectif semble être plus philosophique que financier. Certes EcoBamboo est une entreprise rentable mais « il ne souhaite pas être à la tête d’une multinationale et gagner beaucoup d’argent, mais juste avoir de quoi faire vivre sa famille et son père, pour qu’il ait une retraite ».
Jorge est avant tout poussé par des motivations écologiques: « les gens doivent prendre conscience qu’il existe une alternative ». Il nous explique que de devenir père a transformé son rapport à la Nature. « J’ai réalisé que mes enfants m’avaient prêté leur planète et qu’ils attendaient que je la leur rende en bon état ».
Confucius, aurait dit « sans viande, on peut vivre ; sans bambou, il ne nous reste plus qu’à mourir »….
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